Biographie d’Arthur Parchet (1978-1946)

Arthur Parchet vers 1936

Enfance et vocation

Originaire de Vouvry (Valais), Arthur Parchet est né en 1878 à Clarens. C’est dans ce village que ses parents, après avoir enseigné une vingtaine d’années à Moscou, ont ouvert un pensionnat russe destiné aux jeunes gens de la noblesse désireux de poursuivre leurs études selon le programme de leur pays, tout en séjournant en Suisse. Après ses classes primaires à Montreux, Arthur Parchet entre au collège de Sion où il eut pour maître de musique Ferdinand-Othon Wolf, compositeur et organiste de la cathédrale de Sion. Un attrait irrésistible pour la musique se manifesta alors chez le jeune collégien, ce qui détermina son choix de vie. Dans une lettre de 1892 à son père, alors à Moscou, il dit ceci : « Quant à moi voici ce que j’ambitionne : je veux être artiste, pianiste et par-dessus tout, compositeur. Aucun autre état ne me tente que celui-là». 

L’exode et le succès

Quelques années plus tard, après une audition de la Symphonie pastorale de Beethoven à Berne, Arthur Parchet quitte la Suisse pour l’Allemagne où il poursuit ses études auprès de maîtres éminents : à Stuttgart, avec Samuel de Lange, puis à Berlin avec Max Bruch. Ses études terminées, Arthur Parchet est appelé à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Berlin et, en 1907, l’État allemand lui confie la composition d’un Prélude de Festival pour le 300e anniversaire de la ville de Mannheim. Plusieurs éditions publient ses œuvres vocales et ses poèmes symphoniques. Johanniszauber et Im Zauberwald sont joués à Manheim et à Munich. Des musiciens de valeur lui prédisent un avenir brillant. On le trouve successivement comme chef d’orchestre et de chœurs à Stettin, Kattovitz, Munich, Kaiserslautern avant de se fixer à Heidelberg où il épouse en 1911 Marguerite-Flora Silbermann. 

Un tragique retour au pays

Trois ans plus tard, il est nommé professeur de composition à l’Académie de musique de Mannheim. Mais peu de temps après, la guerre de 1914 éclate. C’est la débâcle. Parchet doit rentrer en Suisse précipitamment, plus précisément en Valais son canton d’origine. Sa femme et son fils, né à Heidelberg en 1912, viendront le rejoindre. Démuni, il accepte d’enseigner l’allemand au collège de Sion et quelques années plus tard l’enseignement du solfège à l’École normale des instituteurs. Malheureusement, ses méthodes ne correspondent pas aux habitudes établies. Il dirige également des chœurs, mais on le trouve trop exigeant. Peu à peu, la famille Parchet sombre dans la misère. Arthur Parchet décide alors de se retirer dans son village de Vouvry, où il fera la connaissance de Panaït Istrati, engagé comme ouvrier. Une inaltérable amitié se tisse entre les deux hommes, et malgré la distance ensuite et le succès fulgurant de Panaït en tant qu’écrivain, rien ne viendra l’altérer. 

« Mort de son vivant »

Malgré l’isolement et l’antipathie de certains à son égard, Parchet continue de travailler et propose au département en 1923 un nouveau recueil de chants. Sans réponse, Romain Rolland, musicien distingué et prix Nobel de littérature, qui vivait à cette époque à Villeneuve, intervient auprès des autorités locales en 1926. Il avait eu l’occasion de lire des partitions d’Arthur Parchet, qu’il trouvait, selon son expression, « très remarquables ». La mort de sa femme en 1927, puis celle, cinq ans plus tard, de son fils âgé de vingt ans, le laissent seul. Malgré cette solitude toujours plus pesante, Parchet pourra néanmoins compter sur quelques amis, tels que Pierre Bioley, le chanoine Louis Broquet, Lucien Lathion, Anna Fux, René-Pierre Bille et Maurice Zermatten. Jusqu’à ses dernières heures, Parchet ne cessera, régulièrement, associé à l’un de ses amis, de proposer de nouveaux projets et écrire de nouvelles œuvres. En 1937, par exemple, et à la demande du chanoine Louis Broquet, il collabore à la partition du festival Terre romande pour la composition de deux chœurs et de toute l’orchestration. Il s’éteint finalement le 20 février 1946, à la clinique Saint-Aimé de Saint-Maurice et laisse une œuvre considérable et variée derrière lui, tant au point de vue instrumental que vocal. Arthur Parchet repose près du clocher de l’église de Vouvry, au pied du beau site de Taney qu’il aimait. 

Source principale : Quinodoz Jean, Catalogue des œuvres d’Arthur Parchet (1878-1946) avec introduction biographique.